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Titre : |
n°95 - Mai-Juin 2019 - Femmmes de Dieu(x) : vestales, diaconesses, femmes rabbins, prêtres, imanes, nonnes |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Virginie Larousse, Directeur de publication |
Année de publication : |
2019 |
Importance : |
1 vol. (82 p.) |
Présentation : |
ill. en coul. |
Format : |
30 cm |
Prix : |
6,90 € |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
religions femmes Dieu dieux sacerdoce |
Résumé : |
«Être un apôtre est grand. [Les apôtres] étaient éminents à cause de leurs oeuvres, à cause de leur succès. Gloire à eux ! Combien grande doit avoir été la sagesse de cette femme pour qu'elle soit jugée digne du titre d'apôtre. » Non, vous ne rêvez pas : c'est bien d'une femme apôtre qu'il est question ici. Non, cette citation n'est pas extraite d'un roman dans la veine du Da Vinci Code : ce sont les mots mêmes de saint Jean Chrysostome (vers 344-407), archevêque de Constantinople et docteur de l'Église. La femme à laquelle il fait référence est citée par Paul dans son Épître aux Romains. À la fin de cette lettre, l'apôtre salue de nombreuses personnes ayant prêté main forte à l'Église naissante. « Saluez Andronicus et Junia, mes parents et mes compagnons de captivité : ce sont des apôtres marquants qui m'ont précédé dans le Christ » (Rm 16, 7).
Vous n'avez jamais entendu parler de cette femme ? C'est normal, car la tradition en a progressivement fait... un homme. Pendant des siècles, pourtant, il avait été admis que Junia était une femme - ce que prouvent les mots de Jean Chrysostome. Jusqu'à ce qu'au XIXe siècle, des savants jugent impossible qu'une personne du sexe faible ait pu être considérée comme « apôtre ». Et de s'évertuer à transformer son prénom en « Junias », patronyme masculin, voire à proposer une nouvelle traduction - grammaticalement incorrecte - du passage de l'Épître*.
À l'heure qu'il est, ce sont toujours ces interprétations qui prévalent dans la majorité des traductions du Nouveau Testament. Et l'Église catholique est toujours dominée par des hommes exclusivement. Même les récentes tentatives d'ouverture au genre féminin se soldent tristement. C'est ainsi qu'en mars dernier, à L'Osservatore Romano (le quotidien officiel du Vatican), l'ensemble des rédactrices du supplément féminin Donne Chiesa Mondo ont posé leur démission. Rédactrice en chef de ce magazine et figure respectée du féminisme catholique, Lucetta Scaraffia dénonce « le retour à l'ancienne et aride coutume du choix venu d'en haut, sous le contrôle direct d'hommes, de femmes jugées fiables [...] et dont on est sûr de l'obéissance ». On aurait cependant tort de jeter la pierre aux seuls catholiques : dans l'immense majorité des traditions religieuses, c'est - plus ou moins - le même son de cloche qui se fait entendre. Des voix masculines qui s'expriment chaque fois qu'il est question de responsabilité, de pouvoir, du sacré. Les femmes qui, à travers l'histoire, se sont illustrées par leur science, leur engagement, leur piété, se voient discrètement « effacées » des annales - comme l'illustre le cas de la cheikha Fatima Bint Abbas, qui prêchait au XIVe siècle. |
Note de contenu : |
Dossier : Femmes de dieu(x)
Comprendre :
Art sacré, une poupe de pirogue maorie
Maître de sagesse, Shams de Tabriz
Entre les lignes, Lucrèce : de la nature des choses
Regard spirituel Leili Anvar
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